Un médecin? Quel médecin?

Je me souviens très bien du vendredi matin où j'ai laissé échapper quelques gouttes sur le test de grossesse pour savoir si j'allais ou non prendre un verre au party de départ de ma boss. Deux semaines pile poil après la présupposée ovulation, la veille des règles prévues qui ne sont jamais venues.

Ça faisait donc deux semaines que la vie avait éclos dans mon ventre. Je suis allée travailler comme tous les autres matins. Enfin presque - dès l'ouverture des cliniques et des hôpitaux, j'ai déserté mon bureau à aire ouverte et me suis mise sur le téléphone, cachée tantôt dans une salle de réunion, tantôt dans un bureau fermé. Je n'avais pas de médecin.

Après quelques appels infructueux dans différentes cliniques trouvées sur le Net, le bureau s'est mis à dangereusement se populer. Il était temps de fermer le cell et de faire semblant de rien. PotomPotomPotom. Mon coeur battait comme un fou et je n'avais toujours pas de médecin : "On n'a plus de place, désolée."

Bon. Plus tard, j'ai pris à part une collègue enceinte de son deuxième ("Elle, elle doit savoir où je peux appeler!"). Je suis repartie avec un numéro en poche. Vivement l'heure du lunch pour m'enfermer incognito. "Oui, bonjour Madame, je suis enceinte et je n'ai pas de médecin, une amie à moi m'a référée à docteur Chose." - WRONG première erreur fatale. Ne jamais dire que c'est une amie qui vous réfère.

La dame quand même gentille me donne deux endroits où appeler :
"Oui, bonjour Madame, je suis enceinte et je n'ai pas de médecin. Une autre clinique m'a donné vos coordonnées..." - WRONG deuxième erreur fatale. Ne jamais dire que c'est une autre clinique qui vous réfère.

J'appelle directement à l'hôpital Saint-Luc, où ma collègue a accouché - elle a dit apprécier l'endroit :
"Oui, bonjour Madame, je suis enceinte et je n'ai pas de médecin. Je voudrais savoir si je peux voir un médecin chez vous. [espoir]
- Oh... c'est quoi la date du premier jour de vos dernière règles?
- Le 27 mars.
- Désolée, on est complet." - WRONG troisième erreur fatale. Ne pas concevoir en même temps que tout le monde, soit entre le 12 et le 16 avril.

Un autre appel (il me semble que c'était à Notre-Dame...) :
"Oui, bonjour Madame, blablablablabla" [doigts croisés]
- C'est quoi votre code postal? [damn]
- H1Y...
- Désolée, on est complets." - WRONG quatrième erreur fatale. Ne jamais penser que vous pourrez entrer si facilement dans un hôpital qui n'est pas de votre secteur.

Ok. Là, je pogne les nerfs. Ça va faire. Le lundi suivant, ma tatie me donne le nom de la doc d'une de ses collègues, qui a accouché à Lasalle. J'appelle au Centre de gynécologie et de maternité :
"Oui, bonjour Madame, je suis enceinte et ON m'a référée à Dr Lafortune. [ah ha! je n'ai pas dit qui m'a référée, elle peut penser que c'est un médecin dans une clinique sans rendez-vous! Dr "La fortune"... ça doit être un signe de chance, j'ai confiance]
- Hum... Vous savez qu'on ne prend plus personne, Madame.
- Oui, je sais. Mais ils ne prennent plus personne nulle part, alors je commence à être un peu désespérée. [oui, c'est bon, ça, elle va avoir pitié]
- C'est quand la date du premier jour de vos dernières règles?
- Le 27 mars.
- Attendez-moi une minute. [prenez votre temps!] Bon, il y aurait de la place avec Dr Goyet fin juin.
- Yéééééééééééé!"

Et c'est ainsi que j'ai trouvé mon médecin et mon hôpital qui figure toujours, par ailleurs, aux premiers rangs des palmarès en maternité. Quelle chance!

La morale de l'histoire :
1. Si vous n'avez pas de médecin, préparez-vous un scénario sans faille avant de vous mettre sur le téléphone.
2. Ayez réponse à toutes les questions des secrétaires.
3. Si vous habitez Montréal, tentez votre chance dans un hôpital près de chez vous (ça a l'air plus fou de vous refuser quand c'est votre hôpital de quartier) ou alors un peu plus éloigné du centre. (En bonne citoyenne, j'aurais donc dû appeler à Maisonneuve-Rosemont.)

Quoique plus éloignée, Lasalle n'a apparemment réellement plus de place pour les prochains mois. Je l'ai échappé belle. Sur le même sujet, avez-vous lu cet article ce w-end? C'est quand même capotant, non? (Oui oui, j'ai honteusement lu un Journal de Montréal qui traînait.)

C'est dire combien j'ai hâte à la chasse aux garderies (qui est d'ailleurs déjà commencée) :
"On a déjà 2000 noms en attente. Vous voulez toujours inscrire l'enfant?
- Oui.
- Quel est le nom de l'enfant à inscrire?
- Bébé Houle."

Mais ça, c'est pour un autre billet.